Programme

Défense nationale

Les propositions d'Objectif France


L'invasion de l'Ukraine illustre tragiquement l'entrée du monde dans nouvelle ère géopolitique. Après la chute du Rideau de fer et la réunification de l’Europe, nous pensions pouvoir vivre enfin dans un monde de paix, et nous n’avons plus accordé la même importance à notre défense. Soulagés par la disparition d’une menace majeure à l’Est, nous nous sommes laissés anesthésier par les opérations d’interposition ou de maintien de la paix, notamment dans le cadre de la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) de l’Union européenne (UE).

Avec l’embuscade d’Uzbin en Afghanistan (août 2008) où 10 soldats français furent tués et 21 autres blessés, le réveil fut brutal. Au cours des trente dernières années, nous n’avons ainsi pas pris suffisamment conscience que le monde changeait rapidement avec, notamment, une liberté de choix et d‘action en grande partie retrouvée par de nombreux Etats et organisations terroristes islamiques.

Les ventes d’armes dans le monde battent des records. Plusieurs pays accroissent, de manière très significative, leurs capacités militaires, et certains font des démonstrations de force qui doivent nous alerter. Cet état du monde, dont l’évolution se poursuit sous nos yeux, comporte des risques de confrontation armée et, pour la France, des menaces majeures pour sa sécurité. Nous sommes à l’aube d’un nouveau cycle de conflictualité, caractérisé par une désinhibition dans l’emploi de la force, et où la perspective de conflits majeurs devient de plus en plus crédible.

Plus généralement, un rapide examen de la situation actuelle fait apparaître de nombreux conflits ouverts ou larvés : Asie orientale de la péninsule coréenne à la mer de Chine, axe indo-pacifique, Asie centrale, Proche et Moyen-Orient, Caucase, Ukraine et mer baltique, Balkans, Afrique du nord, Sahel, corne de l’Afrique… avec une multiplication des foyers insurrectionnels (notamment djihadistes) et l’ingérence de puissances extérieures dans les conflits régionaux.

Au niveau des puissances majeures, la Chine développe fortement ses capacités militaires ; elle entend contrôler totalement la mer de Chine qu’elle considère comme une mer intérieure, et garantir la sécurité de ses approvisionnements en énergie jusqu’au golfe persique et aux côtes africaines. Elle tisse sa toile stratégique, notamment via l’initiative des « nouvelles routes de la soie ». Au vu des ambitions portées par le régime chinois, la perspective d’une annexion de Taïwan par la force ne peut être exclue dans les prochaines décennies, tout comme une confrontation armée (même limitée) avec les Etats-Unis.

Les États-Unis, qui disposent des premières forces armées au monde, continuent aussi d’augmenter leurs capacités militaires nucléaires et classiques face à la montée en puissance de la République populaire de Chine, tout en essayant de masquer cette course aux armements stratégiques sous différents prétextes. Ils ont leur part de responsabilité dans la dégradation de la situation internationale, ne serait-ce que par leur retrait ou leur contournement (imité par la Russie et la Chine) de certains traités de contrôles et de maîtrise des armements. Cette situation renforce le rôle de la dissuasion nucléaire comme socle central de notre Défense.

La Russie de Poutine est devenue une menace de premier ordre pour l'Europe. Le durcissement intérieur du régime au pouvoir se double d’un interventionnisme et d’une agressivité accrues à l’extérieur de ses frontières. Les violations répétées de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, mais aussi de la Géorgie ou de la Moldavie, ainsi que les menaces qui pèsent toujours sur d’autres Etats post-soviétiques, peuvent faire craindre de nouvelles crises graves dégénérant en affrontements militaires. Que ce soit via l’emploi des mercenaires de la société Wagner, le soutien à des séparatistes à ses frontières ou un effort massif de guerre de l’information dont la France est l’une des premières cibles, la Russie agit dans une zone grise sous le seuil du conflit ouvert, seuil qui peut être franchi ne serait-ce que par erreur de calcul ou escalade incontrôlée. Mais la Russie, avec un territoire à défendre 35 fois plus étendu que celui de la France, a un poids économique réel sans proportion avec son statut stratégique ; son budget militaire est, en valeur nominale, proche de celui de la France (environ 65 milliards de dollars), mais est dans les faits deux à trois fois plus élevé si l’on raisonne en parité de pouvoir d’achat, indicateur plus fidèle à la réalité. Si elle n’est malgré son siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU qu’une puissance régionale, elle conserve l’arsenal nucléaire d’une superpuissance ; elle a déjà en grande partie réussi la modernisation et la montée en gamme de ses forces, au point de dépasser les armées occidentales dans des technologies telles que les missiles hypervéloces.

La Turquie d’Erdogan conduit une politique révisionniste du traité de Lausanne (1923) qui fixait ses frontières, menace la Grèce en méditerranée orientale, remet en cause le partage de Chypre, obtenu par la force en 1974, conteste les intérêts français de la Méditerranée à l’Afrique, mène elle aussi une guerre de l’information et des ingérences jusqu’au coeur de notre pays via des réseaux politico-religieux, et intervient militairement en utilisant des forces spéciales et des milices islamiques en Syrie, en Libye et dans le Haut-Karabakh (Artsakh) où elle a soutenu l’Azerbaïdjan contre l’Arménie, nation si proche de la France qui a été une nouvelle fois abandonnée à son sort. Si ses moyens restent limités, elle a considérablement modernisé ses forces.

Parallèlement, la déstabilisation et les oppositions engendrées au Moyen Orient, en Libye et dans d’autres régions en Afrique continueront d’être la source de nombreux conflits de type « guérilla moderne », comme dans la bande sahélienne, et de lutte contre le terrorisme islamiste, parfois simultanément.

La France doit donc se protéger, agir dans un monde instable et dangereux comme défendre ses intérêts, notamment dans sa zone maritime exclusive qui représente une surface 25 fois supérieure à celle de notre territoire métropolitain. Cette situation sécuritaire conduit notre pays à être présent sur de nombreux théâtres d’opérations, mais aussi à se préparer à dissuader toute menace contre ses « intérêts vitaux », à disposer des moyens de participer simultanément à une guerre de haute intensité dans ses approches européennes. Cela comprend les domaines de l’espace et du numérique, duaux par nature et incontournables pour le renseignement. Cette présence se prolonge par le continuum défense-sécurité maintenant des capacités sur le territoire national d’une part, pour épauler les forces de l’ordre qui peuvent devoir être renforcées dans le maintien d’un niveau de sécurité acceptable face à des actions de terroristes radicalisés alliés au crime organisé, et, d’autre part, pour développer des opérations non létales dans le domaine cognitif (influence, persuasion, comportemental, etc.).

Voici nos propositions pour renforcer notre puissance militaire et mieux préparer la France aux défis qui viennent.


Synthèse en 47 points clés :


Augmenter massivement l'effort de défense

1 - Augmenter l'effort de défense de 15 Md€ d'ici la fin du quinquennat, en le portant de 40,9 Md€ en 2022 à 56 Md€ en 2027. Cette hausse inédite des dépenses militaires sur cinq ans permettra à la fois de poursuivre la « réparation » de nos armées après 25 ans de coupes budgétaires et de sur-engagement, et d’opérer une véritable remontée en puissance en permettant de couvrir l'ensemble de nos propositions pour la Défense nationale.

2 - Respecter dans un premier temps l'objectif de l'actuelle loi de programmation militaire (courant de 2019 à 2025) d'un budget à 50 Md€ en 2025, soit une hausse des moyens de 9 Md€ en trois ans. Le respect de l'actuelle LPM n'exclut pas d'éventuels surcoûts liés à l'acquisition de matériels supplémentaires ou à une accélération de programmes existants, des surcoûts qui se chiffreront à plusieurs centaines de millions d'euros.

3 - Faire voter au cours du quinquennat une nouvelle loi de programmation militaire s'étalant de 2026 à 2030, avec l'objectif de porter l'effort de défense à 65 milliards d'euros à terme. Le budget de la Défense nationale augmentera de 3 milliards d'euros par an sur l'ensemble de la période, et sera donc porté à 56 milliards d'euros pour le budget 2027 qui sera le dernier du quinquennat.

4 - Modifier la législation entourant les lois de programmation militaire, pour garantir que celles-ci soient respectées dans la durée : les LPM sont aujourd'hui non-contraignantes.


Renforcer la logistique opérationnelle pour préparer l'avenir

5 - Sortir de la logique de flux tendus imposée au cours des précédents quinquennats pour revenir à une logique de stocks, ce qui implique d'assumer des coûts de possession et d'augmenter nos capacités logistiques.

6 - Tripler d'ici à 2030 les stocks de munitions (petit calibre, obus, roquettes, missiles, torpilles, etc.) et de pièces de rechanges afin de retrouver la capacité de mener des combats de haute intensité dans la durée. S'il faudra dans un premier temps recourir à des importations massives pour les munitions de petit calibre qui ne sont plus produites en France, l'objectif doit être de reconstituer à un horizon raisonnable une filière française de production de ce type de munitions.

7 - Accélérer la remontée de la disponibilité des matériels en accroissant les moyens du maintien en condition opérationnelle (MCO), le MCO ayant déjà fait l'objet de nombreuses réformes permettant de réduire les coûts d'entretien des matériels.

8 - Renforcer la logistique du service de santé des armées (SSA) pour anticiper de possibles affrontements majeurs, et augmenter ses effectifs en passant de 18 600 personnels en 2020 à 20 000 d'ici 2030.

9 - Réinvestir dans les programmes dits de « cohérence opérationnelle » (capacités de franchissement, systèmes de surveillance du champ de bataille) négligés par les précédentes lois de programmation militaire, en privilégiant le plus possible la mutualisation avec des pays européens prêts à développer de tels programmes.


Doper nos capacités de recherche et d'innovation en matière de défense

10 - Créer un Fonds d'investissement au profit de l'armée française pour contribuer au financement de l'innovation militaire et civile ; ce Fonds inclura Def'invest et l'Agence d'innovation de la défense.

11 - Tripler d'ici 2030 le budget dédié à l'innovation en le portant à 3 Md€ dans le cadre de la hausse de l'ensemble de l'effort de défense. Ces crédits supplémentaires permettront à nos armées de toujours avoir un temps d'avance sur les technologies de demain : nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives (NBIC), intelligence artificielle (IA), robotique, drones, missiles hypervéloces, biomédecine du champ de bataille, munitions intelligentes, etc. Ils permettront en outre d'irriguer notre base industrielle et technologique de défense (BITD) et de faire émerger des innovations qui auraient difficilement vu le jour en-dehors des programmes longs menés par la DGA. Le budget total des programmes de recherche et développement passera de 6,6 Md€ en 2022 à 10 Md€ en 2030.


Investir dans les technologies de rupture pour conserver ou retrouver notre supériorité opérationnelle

12 - Engager une stratégie visant à accélérer notre rattrapage dans les domaines où nos armées pâtissent d'un équipement insuffisant voire d'un retard : artillerie longue portée, défense antiaérienne, missiles hypervéloces, munitions intelligentes, guerre électronique, etc. Certains de ces retards risquent aujourd'hui de ne pas être comblés avant la prochaine décennie, alors que des menaces majeures pourraient se concrétiser avant ; dans l'attente de solutions françaises, il faudra donc envisager des acquisitions de matériel étranger.

13 - Combler en urgence notre retard dans le domaine des drones « low cost » où la France est désormais distancée par des puissances comme la Turquie. Avec le Patroller entré en service en 2022, nos armées disposent désormais d'un drone tactique de fabrication française pouvant être armé, mais pas de drones à bas prix et de drones pouvant être employés en grand nombre pour emporter la décision sur un champ de bataille. Par pragmatisme, il faudra dans un premier temps acheter « sur étagère » à des fournisseurs étrangers pour équiper l'armée de Terre, la Marine nationale et les forces spéciales de ce type de drones. En parallèle, nous devons lancer au plus vite un programme français de conception puis de fabrication de nos propres drones : au vu de la rusticité des technologies concernées et de nos propres savoir-faire, un tel programme peut passer à la phase de production en un temps particulièrement court.

14 - Maintenir le programme Eurodrone, complémentaire de la construction de drones « low cost », et acquérir davantage de drones MALE à l'étranger.

15 - Renforcer les investissements dans la lutte anti-drones, en particulier dans les technologies laser qui devraient être opérationnelles d'ici 2024, pour passer à une production à grande échelle face au risque d'un emploi massif de drones sur le champ de bataille.

16 - Investir davantage dans les programmes visant à équiper le « soldat du futur » via l'augmentation des capacités individuelles du combattant, dans trois domaines prioritaires : exosquelette, pharmacopée, connectivité. Ces programmes resteront encadrés par des règles éthiques strictes.


Marine nationale : nous donner les moyens militaires de notre vocation de puissance maritime

17 - Décider de la construction de deux futurs groupes aéronavals au lieu d'un seul pour remplacer le Charles de Gaulle à l'horizon 2038. S'il sera possible de mutualiser une partie des navires accompagnant chaque porte-avions, il est impératif de disposer de deux navires de ce type pour assurer une permanence à la mer.

18 - Nous donner les moyens d'assurer la surveillance et la sécurité de notre zone économique exclusive, en dotant notre Marine de davantage de patrouilleurs océaniques et d'avions de surveillance maritime. La LPM actuelle prévoit qu'en 2030 la Marine nationale n'arme que 20 patrouilleurs en haute mer : nous porterons cet objectif d'ici à près de 40 patrouilleurs d'ici 2032 en augmentant également la cible des commandes d'avions de surveillance maritime.

19 - Accroître notre flotte de surface en commandant au moins 10 frégates de défense et d'intervention supplémentaires pour renforcer la Marine nationale à horizon 2032 : cet effort est à notre portée au plan industriel et plus encore au plan budgétaire, puisque l'augmentation du nombre de frégates se traduira par une réduction des coûts unitaires.

20 - Commander 2 à 3 sous-marins nucléaires d'attaque de classe Suffren supplémentaires pour une entrée en service d'ici 2032.

21 - Lancer un plan de construction de navires porte-drones et revoir à la hausse nos ambitions en matière de drones sous-marins.


Armée de Terre : mieux préparer nos forces aux conflits de demain

22 - Prévoir d'ici 2030 une augmentation des effectifs de l'ensemble des forces terrestres, à commencer par la Force opérationnelle terrestre (FOT) : la hausse des effectifs sera déterminée en fonction des besoins, des capacités de recrutement, de fidélisation, d'équipement et d'entraînement supplémentaires de l'armée de Terre.

23 - Redonner de la « masse » supplémentaire à nos armées en recourant à des solutions complémentaires de l'augmentation des effectifs : recours accru à la réserve et à la Garde nationale (dont les effectifs seront également renforcés) pour réaliser des tâches aujourd'hui assurées par les forces d'active, donner à des milliers de civils de la défense une formation militaire suffisante pour pouvoir les engager au besoin dans les forces d'active après une brève mise à niveau.

24 - Accélérer la mise en œuvre du programme Scorpion pour moderniser et renouveler le segment médian des blindés, et les études du programme Titan.

25 - Augmenter le nombre d'aéronefs en service dans l'aviation légère de l'armée de Terre.

26 - Commander de nouveaux drones Patroller armés, en plus de ceux déjà prévus dans le cadre de l'actuelle loi de programmation militaire.

27 - Augmenter la puissance de feu de notre artillerie en commandant de nouveaux CAESAR, lance-roquettes unitaires et multiples ainsi que des mortiers lourds.

28 - Étudier la faisabilité d'une remise en marche des lignes de production des chars Leclerc, que ce char fasse l'objet de nouvelles commandes à l'étranger ou non.

29 - Lancer un programme national de char de combat du futur pour remplacer le char Leclerc à horizon 2040 au plus tard, dans le cas où il nous faudrait quitter le programme franco-allemand MGCS pour préserver nos intérêts. Il ne s'agira pas d'entériner un retrait du programme MGCS, mais de mieux nous préparer à une telle éventualité.


Armée de l'Air et de l'Espace : conserver l'un des premiers rangs mondiaux

30 - Accroître le taux de disponibilité de nos aéronefs via la hausse des dépenses dans l'entretien et le maintien en condition opérationnelle.

31 - Augmenter le nombre d'aéronefs en service dans l'armée de l'Air et de l'Espace dans trois domaines : les capacités de chasse-bombardement en commandant des Rafale supplémentaires à l'horizon 2030 et en étudiant le possible achat de bombardiers tactiques ou de bombardiers lourds ; les capacités de transport tactique, en accélérant dans la mesure du possible la livraison des A400M et en commandant des appareils supplémentaires ; les capacités de guerre électronique.

32 - Renforcer nos capacités de défense anti-aérienne en commandant plusieurs systèmes de tir supplémentaires.

33 - Lancer un programme national de système de combat aérien du futur (avion de combat, drones d'accompagnement et cloud de combat) pour remplacer le Rafale, dans le cas où il nous faudrait quitter le programme européen SCAF pour préserver nos intérêts. Comme pour le MGCS, il ne s'agira pas d'entériner un retrait du programme SCAF, mais de mieux nous préparer à une telle éventualité.

34 - Amplifier d'ici à 2030 la hausse de notre effort budgétaire dans le domaine spatial engagée par la LPM 2019-2025 ; la hausse des dépenses militaires consacrées à l'espace ira de pair avec une hausse de nos dépenses civiles.

35 - Nous donner les moyens de développer et conserver des capacités d'appréciation de situation (comme le renseignement) et d'action autonomes à l'échelle nationale : si la France ne pourra tout faire seule en matière de défense spatiale, elle doit pouvoir disposer de capacités nationales pour défendre ses intérêts et affirmer sa puissance.

36 - Investir davantage pour le développement de capacités de défense active : sans remettre en cause les fondamentaux de la doctrine française actuelle (précisée dans la Stratégie spatiale de défense) qui écartent tout comportement agressif de la part de la France dans l'espace, il convient de nous doter de capacités offensives dans le respect des traités encadrant la militarisation de l'espace.

37 - Renforcer les effectifs du Commandement de l'Espace, ainsi que la formation aux enjeux de la défense spatiale.


Cyberdéfense et cybersécurité : combler les failles de notre sécurité nationale

38 - Investir pour renforcer notre base industrielle en matière de cyberdéfense et cybersécurité : les agences et organisations de l’État français (ANSSI, COMCYBER et DGSE/DT) sont de très haut niveau et reconnues à l'étranger pour leur excellence, mais nos capacités industrielles dans ce domaine restent largement perfectibles. Il s'agit également d'un enjeu de souveraineté : à titre d'exemple, 80% des outils de protection utilisés par les entreprises françaises sont d'origine américaine ou israélienne.

39 - Amplifier les efforts de prévention et de formation des particuliers, des entreprises et des établissements publics à la cyberdéfense, pour réduire au maximum les risques pesant sur les Français, notre économie et nos services publics.

40 - Bâtir une stratégie de dissuasion et de coercition : en cas de menace de la part d'un Etat étranger ou d'attaque imputable à un Etat ou un groupe opérant pour un Etat (les cyberattaques ne pouvant pas définition être attribuées avec une complète certitude), la France doit pouvoir être en mesure d'infliger des dégâts sévères.

41 - Bâtir parallèlement une stratégie globale de résilience de la société, incluant un effort pour améliorer la protection de nos infrastructures numériques et leur capacité à retrouver un fonctionnement normal ou à fonctionner en mode dégradé afin d’éviter un Pearl Harbor numérique.

42 - Renforcer nos capacités défensives et offensives avec le recrutement de personnels supplémentaires et un investissement conséquent dans les équipements et logiciels. Faire effort sur la réserve afin de pouvoir disposer de « corsaires » sur ce nouveau champ de bataille.


Conserver la pleine capacité nationale à moderniser la dissuasion nucléaire, socle et ultime recours de notre défense

43 - Garantir par tous moyens qu’aucun sous-système et composant de notre capacité de dissuasion nucléaire ne dépende du bon vouloir d’un pays étranger, fût-il un allié, afin que la modernisation de notre arsenal puisse être réalisée en toute indépendance. Dans le contexte actuel et dans son évolution prévisible, la dissuasion nucléaire, ultime recours de notre sécurité nationale, doit demeurer à la pointe de la technologie pour conserver sa capacité dissuasive.


Promouvoir une base industrielle de défense européenne tout en défendant mieux nos intérêts nationaux

44 - Continuer à soutenir la création d'une infrastructure industrielle de défense commune, condition pour que l'Europe se forge un esprit de défense. La coopération européenne est une longue histoire de succès et d’échecs, mais elle demeure le moyen pour la très grande majorité des États européens de disposer de matériels militaires aux capacités technologiques innovantes qu’isolément ils auraient du mal à développer, du fait des coûts élevés de recherche et développement, de la modestie de leur besoin national, et de l’incertitude à l’exportation. Elle leur permet aussi de se libérer de la dépendance que constitue l’achat d’armement américain (y compris de sa législation extraterritoriale comme l’International Traffic in Arms Regulations ou ITAR) alors même que l’attention stratégique de cet allié est clairement mobilisée par l’Asie et le Pacifique. Cette coopération devra désormais accentuer ses efforts dans les domaines nouveaux que sont les réseaux numériques, l’industrie spatiale, la cybersécurité et l’intelligence artificielle (IA).

45 - Garantir que la maîtrise d’œuvre des projets européens soit conservée sans partage par la France dans les domaines où elle possède une expertise et une culture stratégiques supérieures à celle des autres nations européennes comme dans les domaines où elle investit plus que ses partenaires.

46 - Favoriser au mieux la construction ou le maintien d’une infrastructure industrielle nationale de défense dans tous les domaines tout en restant ouvert à une coopération avec nos partenaires européens.


Rehausser la condition militaire

47 - Renforcer les efforts de l'actuelle LPM, qui se veut « à hauteur d'homme », pour la condition militaire, de la rénovation des casernes au plan familles. La multiplicité des engagements, à l’extérieur comme à l’intérieur de nos frontières, fait subir à nos personnels des contraintes en matière de disponibilité opérationnelle, de cadre de vie et d’éloignement de leurs familles sans égal dans aucun autre métier. Si l'attractivité des armées reste satisfaisante, la fidélisation du personnel est souvent problématique : le renforcement de la condition militaire est donc indispensable.


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